Tout a commencé tôt ce mardi 18 août 2020 dans le camp militaire de Kati à 15 Km de Bamako. Des coups de feu sont entendus et on commence à évoquer une mutinerie. Le gouvernement à travers un communiqué a d’abord indiqué qu’il y avait effectivement des problèmes dans deux camps militaires et proposait une médiation pour trouver une solution. L’administration malienne a été à l’arrêt toute la journée. Les banques, les marchés et les espaces publics étaient fermés également.
Tout au long de la journée, différentes informations circulaient. A travers un communiqué officielle, le premier ministre appelait au calme.
Le Gouvernement de la République du Mali suit avec une grande attention les événements qui se déroulent depuis ce matin dans notre pays, singulièrement au niveau de deux camps militaires de la ville de Bamako. … Le Gouvernement du Mali demande aux auteurs de ces actes de se ressaisir. Il n’ y’a pas de raisons au dessus de notre cher Mali qui vaillent des actes dont l’issue incertaine peut déboucher sur des actes dommageables pour la Nation entière. Le Gouvernement appelle à la raison et au sens patriotique et demande de faire taire les armes. … Le Gouvernement appelle a l’apaisement et se rend disponible dès l’instant de ce communiqué pour engager un dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus.
En fin d’après-midi vers dix-sept (17) heures, une source officielle confirme : Le premier ministre et le président malien, ont été arrêtés par les militaires mutins. Des hauts gradés de l’armée ainsi que certains ministres et d’autres hautes personnalités auraient été également capturés puis amenés au camp militaire de Kati.
La mutinerie est donc partie du camp militaire de Kati, ce même camp qui était à l’origine du coup d’Etat de 2012 suite à laquelle IBK sera élu à la tête du pays. La garde républicaine n’a opposé aucune résistance à l’arrestation du chef de l’Etat et de son premier ministre. Aucune autre forme de violence n’a été signalé ni au domicile du président, ni ailleurs. Les officiers n’ont pas encore communiqués leurs intentions, et les raisons de leur mouvement de force. Ils contrôlent la garnison de Kati, et les accès de la ville Bamako.
Cette mutinerie est elle une tentative de réponse à la crise actuelle et un soutien au peuple malien qui manifeste son mécontentement depuis le 5 Juin ? Pour l’instant aucune déclaration de la part des principaux initiateurs de la rebellion. Les instigateurs de la mutinerie qui s’est transformé en une tentative de coup d’Etat sont trois officiers supérieurs. Le général Cheick Fantamady Dembélé, les colonels Diaw et Mama Sekou Lelanta. Le mouvement fait face à une partie de l’armée restée loyale au président IBK.
Les chefs de file du mouvement M5, mouvement protestaire qui manifeste depuis le 5 Juin en demandant la démission d’IBK se dit solidaire des militaires, à l’origine de la fronde et parle plutôt de révolution populaire, pas de coup d’Etat.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé, dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 août, avoir décidé de fermer les frontières régionales avec le Mali et de “suspendre” ce pays de tous ses organes de décision “avec effet immédiat”. Elle avait préalablement condamné cette situation et invité les militaires à rejoindre les casernes. La CEDEAO a indiqué avoir aussi suspendu l’ensemble des échanges financiers entre ses 15 membres et le Mali. L’UA a quant à elle demandé la libération du président et des autres personnes arrêtées dans le cadre de cette mutinerie.
Les Etats Unis et la France, champion de l’ingérence dans les politiques internes des pays Africains ont emboîté le pas à la CEDEAO et à l’union Africaine en condamnant une prise de pouvoir anticonstitutionnelle et un respect des institutions républicaines. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à la “libération immédiate et sans conditions” du président du Mali.
Où était ces Etats et Institutions, lorsque la population malienne descendait massivement dans la rue en appelant à la démission du président ? Ou était l’ONU, le garant des droits de l’Homme, lors des répressions meurtrières du mouvement du peuple malien ? Cette position ambiguë et ce deux poids deux mesures rappelle d’autres épisodes d’ingérence de la France et de ses alliés dans la politique intérieure de nombreux pays Africains ; cette ingérence qui s’est suivi d’un chaos, dont certains Etats comme la Libye ne se sont toujours pas relevés.
Espérons que la communauté internationale, le pays des droits de l’homme saura rester neutre et rester la volonté du peuple malien, quelle qu’elle soit.